Pedro Proença Ligue portugaise de football

Au niveau international tout semble aller pour le mieux, champions d’Europe en titre, le Portugal fait partie des favoris pour remporter la Coupe du Monde 2018 et les sélections espoirs ont pour habitude de toujours figurer dans le dernier carré des compétitions internationales. Le rayonnement lusitanien est encore plus accentué grâce à Cristiano Ronaldo,

meilleur joueur du monde, José Mourinho qui est également l’un des meilleurs entraineurs de la planète ou encore Jorge Mendes qui est certainement l’agent sportif le plus influent du milieu.

Tout ce rayonnement qui enorgueillit les Portugais est malheureusement entaché par des décisions toujours plus aberrantes de la part de la Ligue des Clubs, organisme qui régit les divisions professionnelles lusitaniennes, qui en plus de salir la réputation et le travail cité plus haut, n’est pas non plus étranger à la baisse de régime des résultats en Coupe d’Europe qui a eu pour conséquence principale, la chute du Portugal au coefficient UEFA.

Et si aujourd’hui on vous en parle, c'est que cette semaine (mais aussi cette saison), nous avons assisté une série de décisions en chaine, le cas de Gil Vicente, de l’União da Madeira et la possibilité de voir le championnat 2017-2018 impugné, qui ont de quoi remettre en question la compétence ou sinon le fonctionnement même de cette organisation qui porte préjudice au football du pays champion d’Europe en titre.

 

Le cas Gil Vicente

 

Le verdict est tombé ce mercredi soir, après une réunion des responsables de la Ligue et des présidents des clubs de 1re et 2e divisions, l’équipe de Gil Vicente ne sera seulement réintégrée en première division qu’en 2019-2020.

Rappelons que l’équipe du « coq » avait été reléguée administrativement en D2 en 2006 malgré son maintien obtenu sur le terrain. En cause, la plainte déposée par Belenenses auprès de la Ligue pour utilisation irrégulière du joueur Mateus.

Mais le 12 décembre dernier, la fédération portugaise de Football a pris la place de la Ligue pour servir d’intermédiaire à des négociations entre les deux équipes pour mettre un terme, avec succès, à 12 ans de bataille judiciaire en obtenant un accord entre les deux emblèmes. Un accord qui a donc invalidé la sanction de relégation infligée à Gil Vicente. Après avoir été complètement passive dans cette affaire, Il ne restait donc plus qu’à la Ligue à trouver un moyen de réintégrer les Gilistes en D1.

Comme la décision a été prise au cours de la saison, avec les règles de promotion et de relégations déjà établies, il a été statué que Gil Vicente ne pourrait être réintégré qu’en 2019/2020, sauf si on décidait d’augmenter le nombre de clubs de la Liga Nos à 20 contre les 18 actuels. Une solution qui a été appuyée par la Ligue, car il était inconcevable de laisser disputer une saison entière à une équipe avec des résultats qui compterait donc pour du beurre avec tous les problèmes éthiques que cela implique envers ses adversaires, surtout avec les scandales de paris truqués ou des accusations de copinage qui fleurissent déjà dans le pays.

Une solution qui avait déjà connu un précèdent avec Boavista, qui avait également été reléguée en 2008 pour corruption active sur des arbitres et réintégré en 2014 en passant alors le nombre d'équipes à 18 contre 16 précédemment.

Nonobstant, d’avoir été complètement absent des négociations (menés par la FPF), la Ligue a également échoué à convaincre les présidents de clubs qui ont donc refusé cette solution et Gil Vicente qui a été relégué sportivement en 3e division, (avec une spirale de résultats négative qui coïncide étrangement avec l’officialisation de la réintégration en D1) va donc jouer une saison entière de matchs amicaux qui n’auront aucune incidence sur sa montée déjà acquise, mais qui vont clairement porter préjudice à l’image et au bon déroulement de la CN Seniores (3e division) a cause d’une décision complètement ahurissante.

Le scandale de l’União da Madeira

Ce n’est pas la seule décision complètement hallucinante prise par la Ligue cette semaine. Car le cas de l’União da Madeira est lui aussi complètement dément. En lutte pour le maintien en deuxième division, l’équipe de Madère va jouer sa survie lors de la dernière journée avec un déplacement sur la pelouse de Cova da Piedade. En cas de victoire, l’União pourrait se sortir de la zone rouge et donc obtenir son maintien. Problème, la Ligue a pris la décision en cours de semaine d’anticiper les matchs, qui étaient initialement prévus dimanche, à samedi. Avertis avec seulement quelques jours d’intervalle, l’União, qui est un club de l’Île de Madère, est dans l’impossibilité de trouver un vol qui lui permette de rejoindre le continent à temps pour disputer cette rencontre capitale et pourrait donc perdre le match sur tapis vert, avec pour conséquence la relégation en troisième division. Vous me direz, pourquoi ne pas retarder simplement le match ? Eh bien tout simplement parce que pour les matchs des équipes en position de relégables doivent tous (pour des raisons évidentes) se disputer le même jour et à la même heure, hors, repousser le match de l’União implique donc de repousser toutes les autres rencontres. On attend donc avec impatience de voir comment la Ligue va de nouveau gérer cette situation délicate.

 

Autre scandale qui promet de faire couler beaucoup d’encre, c’est la décision prise par Benfica d’impugner le championnat 2017-2018. Le club de la Luz, estime que ce championnat a été sali par des menaces des kops du FC Porto a des arbitres et aussi par des accusations de corruption envers des joueurs adverses. Il n’est pas question ici de remettre en cause ni le droit de contestation, ni la validité du titre remporté par le FC Porto, mais bien la lenteur de la Ligue à prendre des décisions. Car Benfica dit vouloir aller jusqu’au bout de l’affaire et devra donc prouver ces allégations, lors d’une affaire qui risque de trainer tel un boulet pendant plusieurs années et qui pourrait donc profiter de la lenteur de l’institution, qui dans le cas où ces accusations seraient avérées, devrait se prononcer sur le sujet, jetant encore plus de discrédit sur le championnat déjà bafoué par de nombreuses affaires.

Élu à la tête de la Ligue en juillet 2015 avec l’objectif de centraliser les droits TV du championnat, Pedro Proença a non seulement échoué sur sa promesse de campagne, mais compte aussi pour l’instant un bilan calamiteux. Incapable de réussir à combler le fossé entre les grands et petits, il a également échoué à pacifier le championnat. Et nous n’aborderons pas dans cet article la création de la Ligue U23 qui verra le jour l’année prochaine au détriment des équipes B, ou comment remplacer un modèle qui a porté ses fruits contre un autre dont l’efficacité reste encore à démontrer.

Même si on ne peut faire peser tous les maux du football portugais sur les épaules d’un seul homme, car le problème est bien plus complexe et va bien au-delà de sa personne et de la Ligue, Pedro Proença doit pourtant assumer sa part de responsabilité dans cette décroissance manifeste par les décisions toujours plus incohérentes de l’organisme qu’il préside.

 

BDS