Fernando Santos

Désormais à moins de deux mois du début du Mondial 2018, l’heure des décisions est de plus en plus proche pour Fernando Santos. Il annoncera officiellement sa liste des 23 au plus tard dans 20 jours (20 mai), mais ce sera très probablement avant, le 17 pour être précis. Mais le 14, il devra déjà avoir fourni une liste de 35 joueurs à la FIFA.

En revanche, il aura jusqu’au 4 juin pour effectuer un éventuel changement dans le groupe, puisque c’est la data limite indiquée par la FIFA.

Lors d’une grande interview pour les trois grands quotidiens sportifs portugais (A Bola, Record et O Jogo), le sélectionneur national a ouvert le jeu concernant ses futurs choix. Des choix qui ont changé avec la blessure récente de Danilo dont Ruben Neves paraissait être le remplaçant naturel :

« Au début je pensais appeler 7 défenseurs, 7 milieux et 6 attaquants, mais désormais, à cause de la blessure de Danilo, cela pourrait être un 8-6-6, sans les gardiens bien sûr. Ruben est un gros candidat à la liste finale, mais je suis obligé de faire cette analyse : Ruben n’est pas Danilo. Ils ont tous deux beaucoup de qualités, mais ils sont complètement différents. C’est une chose avoir Danilo-William et ça en est une autre avoir Ruben William. Morphologiquement, ou même dans le style de jeu. Il y a des cas où on peut faire des remplacements directs. Mais dans ce cas précis, c’est impossible. Ruben n’est pas le clone de Danilo. Ce qui peut m’obliger à ne pas retenir un joueur, qui aurait dû être dans les 23. Car Danilo peu jouer seul ou à deux au milieu de terrain, mais aussi comme défenseur central. Malheureusement, il ne pourra pas faire partie du groupe, ce qui change beaucoup de choses (passer d’un 7-7-6 à un 8-6-6), il n’était pas un indiscutable du onze, mais il était indiscutable dans les 23. Je peux réfléchir a, si j’ai ou non besoin d’un joueur avec des caractéristiques similaires à celles de Danilo. Il y du bricolage à faire ».

Pour Fernando Santos, il n’y a pas de place pour les sentiments et une chose est sure, certains des joueurs sacrés champions d’Europe en France n’iront pas en Russie :

« Je ne peux pas emmener au mondial, des joueurs avec comme critère le facteur sentimental. Je n’ai pas de dette envers eux, j’ai cependant un énorme sentiment de gratitude envers les champions d’Europe. Que l’on dise ce que l’on veut, mais ses joueurs ont été champions d’Europe dans un contexte difficile ». Concernant Éder par exemple « Je ne sais pas s’il va aller en Russie ou pas. Je sais que lui ou un autre champion d’Europe ne sera pas convoqué sur des critères sentimentaux. Il y a plusieurs joueurs qui ont été en France et qui maintenant, pour diverses raisons, n’y seront pas. Vieirinha par exemple, est en train de faire une bonne saison, mais en ce moment, il est dehors. Il y a d’autres cas, comme celui de Gelson et Bernardo, qui n’ont pas été en France. Je ne peux pas laisser jouer les sentiments au point d’effacer ce que ses joueurs ont fait. Ce que je sais, c’est que choisir les 23 finaux, c’est comme monter un puzzle. Il y aura toujours quelqu’un que les gens aimeraient voir en Russie qui sera écarté ».

La formule du succès est très simple à comprendre, garder les pieds sur terre, mais surtout chercher la victoire à chaque rencontre et peu importe l’adversaire, c’est le concept imposé par Fernando Santos au sein du groupe Lusitanien :

« Cette équipe sait tout à fait ce qu’elle a à faire. C’est-à-dire, que nous devons comprendre ce qui nous a amené à faire 29 matchs officiels avec une seule défaite. Si on perd ce concept on va avoir des problèmes. Et la défaite face à la Suisse, c’est justement quand nous avons perdu ce concept. Cette équipe a fait deux phases de qualifications brillantes et une phase finale ultra-brillante. Elle sait être réaliste et a une notion exacte de ce qu’elle peut ou pas faire. Elle sait qu’elle n’est pas meilleure que beaucoup d’autres, mais elle sait aussi qu’elle peut se battre d’égal à égal face à n’importe quelle équipe. Et peut battre n’importe qu'elle équipe. Quand on retourne ce concept et que l’on part du principe que l’on est meilleurs que les autres, alors on a des problèmes. Et c’est ainsi qu’arrive ce qu’il est arrivé en Suisse, ou encore ce qui s’est passé avec les Pays-Bas ».

S’il y une seule chose qui ne change pas par rapport à l’Euro, c’est la philosophie du sélectionneur. Jouer bien, n’est pas la même chose que de pratiquer un beau jeu et pour lui il faut avant tout jouer bien :

« Ma philosophie est très claire : celui qui ne joue pas bien, perd. C’est seulement avec beaucoup de chance que l’on verra l’inverse se produire. Celui qui joue bien, gagnera certaines fois et perdra d’autres. Celui qui joue très bien, gagnera presque tout le temps et perdra difficilement. Et jouer bien, cela peut impliquer ou pas de jouer joli. Ce sont deux choses différentes. J’ai déjà vu des équipes qui jouaient très très bien et sur le terrain ne pas pratiquer un jeu très attrayant. Et j’ai aussi vu l’inverse. L’important c’est bien jouer et c’est ce que l’on a fait à l’Euro ».

Mais surtout, le plus important, c’est d’éviter le piège de vouloir à tout prix répéter telle une photocopie ce qui s’est passé pendant l’Euro en France, car une Coupe du Monde ce n’est pas la même chose qu’un championnat d’Europe :

« Un mondial, ce n’est pas une photocopie d’un Euro. Les photocopies, comme tout le monde le sait, ne sont jamais les mêmes que les originales. Si on veut faire de la Russie, une photocopie de ce que l’on a fait en France, ce sera un désastre. À l’Euro, il n’y avait pas le Brésil, il n’y avait pas l’Argentine, la Colombie ou l’Uruguay. J’entends beaucoup de gens qui disent que le Portugal se doit de remporter la Coupe du Monde. Soyons honnêtes : Le Portugal a l’obligation, de, à chaque match, donner le maximum de bonheur aux Portugais. On est candidats, oui mais favoris ? Si le Portugal à le statut de favori, alors quel est le statut de l’Allemagne ? De l’Espagne ? Du Brésil ? De l’Argentine ? Et la France ? Il suffit de regarder les joueurs de chaque sélection. Quand j’entends dire que le Portugal aura de grosses difficultés pour choisir ses 23, imaginez les difficultés que vont sentir les sélectionneurs de l’Allemagne, de la France, du Brésil, de l’Argentine ou de l’Espagne par exemple. Regardons l’historique. Brésil : cinq fois champions. Allemagne : quatre fois champions. Argentine : deux fois champions. La France et l’Espagne une fois champions. Presque tous les joueurs de ses sélections jouent dans les plus grands clubs d’Europe ». Quand on lui demande s’il manque de confiance en ses joueurs, il répond immédiatement : « comment ça. J’ai confiance et beaucoup même. Je leur ai dit que ce sera très difficile pour n’importe quel adversaire de nous battre. Si l’on maintient ces esprits, ce sera vraiment dur de nous battre ».

Malgré les diverses tentatives, aucun des journalistes n’a réussi à déstabiliser Fernando Santos qui garde jalousement le nom des 23 et même, des 35. Seule certitude, Cristiano Ronaldo sera de la partie, pour les autres, rien n’est sûr. Donc pour savoir ce qui lui passe par la tête, seule solution, relire cette interview et vous faire votre propre opinion en lisant entre les lignes ou alors patientez jusqu’à l’annonce officielle.